La Mauritanie

La Mauritanie... C'est d'abord pour moi cette pièce à souvenirs, dans le petit pavillon de la rue Boulard, bureau encombrée d'objets divers selon un ordre immuable et mystérieux, 

des souches d'arbres aux allures de figures, 

des sandales pour pygmées, 

des livres poussiéreux et mangés aux souris, 

des maquettes de bateaux,

des tableaux et des livres précieux,

des fétiches inquiétants

de vieux oiseaux empaillés,

des nattes tressées, des bouts de voiles,

des coquillages de mers inconnues,

un accordéon, un harmonica,

des croquis de bateaux, toutes voiles dehors,

des biscuits de mer durs comme de la pierre,

des papiers gribouillés qu'Armand ne savait pas relire lui-même, et auxquels il ne fallait surtout pas toucher,

des photos de vieux marins burinés,

des bateaux dans des bouteilles,

des ailes de poisson volant, 

des rostres de poissons-scie

des pots à tabac,

un sextant doré dans une boite en bois,

et...


Le bureau d'Armand dans la Mauritanie

trônant au fond de la pièce,

majestueuse,

endormie la plupart du temps,

mais se réveillant lors de nos visites d'autant plus respectueuses qu'elles étaient rares,

sous ses projecteurs allumés pour la circonstance,

la merveilleuse maquette dans son aquarium,

Le Courrier de Lima



à cause de laquelle personne n'en voudra à la petite fille que j'étais
d'avoir toujours situé Lima en Mauritanie...

"Le Courrier de Lima, construit à Lormont, Cap'taine Thibaut de Bordeaux, paquebot sur la ligne Bordeaux-Perou. Modèle fait en 1872, le bateau naviguant encore, par le Cap'taine Thibaud de Bordeaux et son charpentier. Offert au Musée de Saint-Malo par Madame Raymonde Hayet, en 1968".


Voilà la maquette du Courrier de Lima, comme on peut la voir aujourd'hui au Musée du Cap-Horn, dans la magnifique Tour Solidor de Saint-Malo (Saint-Servan).

Elle a été restaurée et trône en bonne place au milieu de mille trésors maritimes.

septembre 2018

Les croquis d'Armand

Des ailes de poisson volant, un poisson de 1898 !

Son pot à tabac, toujours garni d'une carotte fraiche 

Un bateau dans une bouteille, fait par Armand lors de son premier voyage en 1898  

Mais si vous voulez savoir...

ce qu'il a fait en Mauritanie...


Officier Méhariste,

puis Premier Résident de Port-Etienne de 1909 à 1914 comme administrateur colonial.

ALEG (Cercle du Brakna) ............résident d'ALEG et Adjoint au Ct de Cercle

BOUTILIMIT (Cercle du Trarsa) ...résident de BOUTILIMIT et Adjoint au Commandant de Cercle.

Rapatrié en 1914 très gravement malade, il n'a pas voulu se faire réformer pour être mobilisé et reprendre éventuellement du Service à la Colonie, ultérieurement.

En Mauritanie, Armand rencontre Ernest Psichari, petit-fils d'Ernest Renan, maurassien et membre de l'Action Française. C'est aussi un ami de Charles Péguy. Dans l'ambiance coloniale de l'époque, le philosophe découvre l'âme africaine. Bizarrement, loin de les considérer comme des peuples non accomplis, encore dans l'enfance de leur développement, il fait sienne la théorie intuitive de Jacques de Maistre qui pense se trouver en face de races arrivées au terme de leur évolution. Il écrit en préface : "cette terre insigne nous rend meilleur ; elle nous exalte et nous élève au-dessus de nous-mêmes, dans une tension d'âme où le rêve et l'action se pénètrent".  

Ernest Psichari et Armand Hayet parlent de foi et de religion, mais ce dernier ne se laisse pas convaincre, et restera agnostique jusqu'à la fin de sa vie.


"Et ce furent, au cours de trois séjours dans les sables et les roches calcinées, des explorations, des contre-rezzous et des bagarres de toutes sortes. Dans nos magnifiques officiers coloniaux, HAYET retrouvait, sur le plancher des méharis et des gazelles, des camarades habitués à la vie dure, des gens prêts à tout, comme ses anciens copains du grand Long Cours". (Rezzou : bande armée vivant de rapines et de razzia) - 


tiré de la PRESENTATION D'ARMAND HAYET avant une CONFERENCE par l'AMIRAL CHACK


Général Duboc

Méharistes coloniaux

Collection de l'Ancre

1946

extraits

Première partie - Chapitre III - Les méharistes

Pour ceux qui aspirent à l'honneur d'être méharistes, je dirai que pour appartenir à ces formations d'élite, il faut être tout particulièrement bien trempé physiquement et plus encore moralement, pour supporter sans la moindre défaillance la vie nomade.

La tente, couvrant un espace de quatre mètres carrés, constitue pour eux un « home » des plus confortables dont le tapis de sable sera le lit de repos auquel ils s'habitueront vite ; mais si confortable soit-elle, elle ne constitue qu'un bien mince abri contre le soleil, les tourmentes de sable, les tornades et les rafales de vent d'Est.

Pour eux, la sobriété sera de rigueur, car, comme boisson, ils ne trouveront dans les puits que de l'eau généralement quelque peu saumâtre ou natronnée.

La base de leur alimentation sera le riz et la viande de mouton accommodée à toutes les sauces que peut inventer un cuisinier noir, d'occasion, qui n'a de la cuisine française que des notions tout à fait rudimentaires.

Comme bureau, une table pliante de dimensions réduites ; comme armoire à linge, une tassoufra, c'est-à-dire un sac de cuir qu'il pourra arrimer derrière sa ralha.

Au début, il trouvera bien que cette existence, pendant les séjours à la zériba, [zériba : sorte d'enclos de branchages] manque un peu d'agrément, mais il finira par s'y habituer, ce qui marquera pour lui une première adaptation à la vie nomade, puis il finira par avoir l'impression qu'elle ne manque pas de charme, et, au retour d'une longue randonnée particulièrement pénible, les hommes au repos et les animaux au pâturage, il éprouvera la sensation agréable de retrouver un « home » confortable.

Pour mener l'existence des méharistes, il faut être d'une endurance physique à toute épreuve, n'être accessible ni à la fatigue, ni à la maladie, et quelle que soit la dépression dans laquelle on peut se trouver momentanément, avoir une force de volonté qui permette de conserver quand même toutes ses facultés.

L'officier méhariste

Quant à l'officier méhariste, il est l'âme de son unité ; il instruit ses tirailleurs et ses goumiers, recrute ses animaux, se procure le matériel dont il a besoin, pourvoit à tout, voit tout, et communique son énergie à ses sous-ordres et à ses hommes.

Pour avoir une idée exacte de l'effort qu'il doit fournir, il convient de se représenter l'état d'âme d'un chef de détachement méhariste, responsable de la vie de ses hommes, en présence des mille difficultés d'existence dans ces pays hostiles.

Lorsque son unité fait mouvement, c'est à lui seul qu'incombe la responsabilité, car, suivant les dispositions prises, tant pour la nourriture de la troupe que pour la consommation des vivres emportés, l'abreuvoir et le pâturage des animaux, dépendra le succès de l'entreprise.

Il doit connaître ses hommes et ses animaux, acquérir une technique du désert lui permettant de pouvoir entreprendre dans les meilleures conditions possibles des randonnées de grande envergure, et ce n'est qu'après une assez longue période d'adaptation qu'il obtiendra cette spécialisation.

Il faut que l'officier commandant une unité méhariste soit un homme d'action, calme, ayant du sang-froid, une fermeté raisonnable, qu'il connaisse le caractère des indigènes, sache se servir de l'autorité avec doigté, reste humain et ménage le moral de sa troupe.

Il est, d'autre part, indispensable qu'il ait confiance en lui et que les difficultés ne le rebutent pas ; qu'il soit pondéré, mais qu'il mette en œuvre tous les moyens pour réaliser le coup d'audace qu'il aura décidé, ne laissant rien à l'impulsion, en un mot, qu'il ait une volonté réfléchie, au service d'un système nerveux bien équilibré.

Il faudra par-dessus tout qu'il ait la vocation, qu'il choisisse les méharistes par goût et non par intérêt ou calcul, qu'il apprécie les satisfactions morales à un plus haut degré que les avantages de carrière, que la satisfaction du devoir accompli prime chez lui celle des récompenses honorifiques obtenues dans les cabinets directoriaux ou ministériels, qu'il soit fier d'être un officier d'avant-garde, ayant la confiance absolue d'une troupe dans le dévouement de laquelle il sait pouvoir compter.

Etre méhariste, ce n'est pas seulement être en contact permanent avec les campements soumis et assurer leur sécurité, mais aussi être toujours en mesure de faire face aux situations qui peuvent se révéler à tout instant, en raison de la prodigieuse mobilité des rezzous et de l'envergure de leurs déplacements, être toujours prêts à la poursuite, à l'attaque et à la défense.

Le souci constant de ménager les montures exige l'effort de longues étapes entièrement exécutées à pied. Par ailleurs, au cours de chaque déplacement la sécurité du détachement impose un lourd service : avant-garde, arrière-garde, flanc-garde ; en station, c'est l'aménagement d'emplacements de combat, la confection de zéribas ; c'est la nuit passée à la belle étoile, tout équipé et armé.

Enfin, chaque reconnaissance entraîne automatiquement l'établissement d'un lever d'itinéraire précis, souvent la détermination de points astronomiques nécessitant de longues stations nocturnes et des calculs délicats, dans des conditions de confort relatif.

Dans ses mouvements, l'unité méhariste a toujours un objectif précis, soit qu'elle effectue une reconnaissance sur un point donné, une escorte de convoi ou de caravane, ou, enfin, une marche en contre-rezzou.

Dès que le but est connu et la résolution prise, la tactique d'une unité méhariste, simple détachement ou groupe nomade, consiste à s'y porter à toute vitesse, culbutant tout ce qui, sur sa route, pourrait retarder sa marche.

Cette manière brutale d'opérer n'admettant pas d'insuccès, avant de se mettre en route la réussite doit donc être envisagée avec certitude, sans quoi il vaudrait mieux s'abstenir et attendre une autre occasion.

Lorsqu'après avoir lutté de vitesse avec l'ennemi, on parvient à le rejoindre et à lui imposer un combat qu'il n'accepte qu'à la dernière extrémité mais décidé alors à lutter jusqu'au bout pour conserver le butin qu'il ramène de sa randonnée, il s'agit pour nos méharistes de donner à fond, avec toute la décision et l'énergie qui seules peuvent assurer le succès à une petite fraction engagée contre un adversaire souvent très supérieur en nombre, bien armé, connaissant admirablement le pays et parfaitement adapté à la conduite des petites opérations de guerre en pays désertique.

Si l'ennemi lâche pied, le chef doit alors organiser une poursuite méthodique, tant pour obtenir la dispersion complète de l'adversaire que pour éviter que des fractions de son unité ne s'égarent en s'engageant jusqu'à l'épuisement des animaux.

Il est inutile d'envisager l'insuccès, car, pour tous, dans ce cas, c'est l'inscription au Livre d'Or, au martyrologe de l'armée coloniale, et, quelques jours après, un simple fait divers, dans un journal plus ou moins officieux, dira comment ils sont morts.

Les sous-officiers méharistes

Quant aux sous-officiers appelés à seconder l'officier dans un groupe nomade, ils doivent posséder la pratique du fonctionnement du service dans une unité méhariste, pour assurer la surveillance des détails, donner aux animaux la plus grande partie de leurs préoccupations et être aptes aux utilisations les plus variées ; par exemple, diriger une patrouille à longue portée, panser les animaux blessés, réparer sommairement le harnachement, dresser un itinéraire, à l'occasion pouvoir servir de secrétaires, en un mot être débrouillards et aptes en toutes choses.

Ils devront être pour les gradés indigènes un exemple vivant, tant au point de vue de la tenue, de la subordination que de la discipline.

Ils peuvent être appelés à diriger, sous leur propre responsabilité, une opération de plus ou moins grande envergure, et ils ne doivent pas perdre de vue qu'ils auraient à prendre le commandement de l'unité si leur chef venait à être mis hors de combat, et qu'alors ils devraient assumer la lourde tâche de poursuivre l'achèvement de l'action offensive ou du regroupement des forces en arrière, dans les meilleures conditions possibles. En un mot, ils doivent être des sujets d'élite sur le dévouement desquels leurs chefs doivent pouvoir compter en toutes circonstances.

Seconde partie - Chapitre III - Les méharistes en Mauritanie

Extraits

En 1907, un quatrième peloton fut formé au Brakna, sous le commandement du lieutenant Aubert, et en avril 1908 était créé le peloton méhariste du Tagant, qui fut placé sous les ordres du capitaine Georges Mangin

Au début de leur création les jeunes unités méharistes de la Mauritanie effectuèrent un certain nombre d'opérations, poursuites de pillards, reconnaissances et tournées de police, avec un plein succès.

....

En juin 1908, le capitaine Georges Mangin, commandant le peloton méhariste de Tagant, dont la zone de nomadisation se trouvait au nord de Tidjikdja, ayant transporté sa zériba sur El-Moïnam, occupait un emplacement à proximité des puits, avec une partie de ses tirailleurs, pendant que le reste du peloton rejoignait avec le convoi de bagages et de matériel, sous les ordres du vétérinaire Amiel.

Les Maures suivaient attentivement les mouvements du peloton méhariste du Taganty, attendant une occasion favorable pour l'attaquer avec chance de succès. Une corvée de 7 tirailleurs envoyée aux puits pour faire la provision d'eau du détachement fut surprise et massacrée, puis un parti fort de 250 fusils se porta à l'attaque de la zériba. Dès le début du combat, la mitrailleuse dont disposait notre détachement s'enraya ; le capitaine Georges Mangin et le sergent Magnuin étaient tués.

Extrait de "Adieu Marine" de Jean Decoux, dédicacé au Commandant Hayet et abondament annoté de la main d'A.H.

Manuellement A.H. : son frère, (le capitaine Mangin) a été tué en Mauritanie au nord de Tidjikja en 1909, (et sa tête coupée renvoyée au poste...)



Les attaques incessantes dont nous étions l'objet et la nécessité d'assurer à nos protégés une protection effective, nous imposèrent l'obligation d'étendre le champ de notre occupation territoriale en nous installant dans l'Adrar... et le commandement en fut confié au lieutenant-colonel Gouraud, commandant militaire et commissaire du Gouvernement Général en Mauritanie.

Lors de la formation de la colonne de l'Adrar, les forces méharistes de la Mauritanie comprenaient : le peloton méhariste du Tagant, commandé par le lieutenant Marquenet, le peloton du Brakna, commandé par le lieutenant Aubert, etc...

....

De son côté, le commandant Claudel, après avoir installé le poste de Chinguetti, avec un détachement composé de partisans, de goumiers et de tirailleurs méharistes, se portait sur Ouadane, qu'il faisait occuper...

En septembre (1909) le lieutenant-colonel Gouraud rappelait de Chinguetti le peloton méhariste du Tagant et, avec toutes les troupes montées disponibles, constituait un razzi qui, sous son commandement, se mettait en route, le 11, pour obliger l'ennemi, soit à accepter le combat, soir à se retirer plus au Nord. Ce détachement comprenait les partisans du capitaine Dupertuis, les pelotons méharistes du Tagant et du Trarza, soit 500 fusils...... dès l'arrivée du peloton méhariste du Tagant à Chinguetti, le commandant Claudel le lançait à la poursuite d'un rezzou qui lui était signalé vers Ouadane. Rejoint alors qu'il faisait l'abreuvoir de ses animaux, le rezzou fut attaqué vigoureusement et mis en fuite, abandonnant entre nos mains une jument, 40 méhara, ses bagages et les femmes ;


Au sujet du Général Gouraud, Armand Hayet note avec un zeste de suffisance : "Quand il n'était encore que Colonel, en Mauritanie, j'ai été quelques temps sous ses ordres, nous disions tous que s'il avait si bien réussi la première phase de la conquête, cela tenait pour une bonne part aux collaborateurs qu'il avait su choisir : le Capitaine Claudel, le Capitaine Guiherard, Mangin, Blondel, etc, etc..." (Correction manuscrite au livre de Jean Decoux ; Adieu Marine, op cit)


En 1911, le colonel Patey, qui avait remplacé le colonel Gouraud comme commandant militaire et commissaire du Gouvernement Général en Mauritanie, avec l'un des pelotons méharistes de l'Adrar, en liaison avec les méharistes de la région de Kiffa et de Tombouctou, décidait une opération militaire comportant une reconnaissance sur Tichitt, pendant que le colonel Roulet en dirigerait une autre sur Oualata.

......

Le colonel Mouret, commissaire du Gouvernement Général et commandant militaire en Mauritanie... constitua un razzi de 400 fusils... etc.

Ernest Psichari


"Il [le colonel Gouraud] disposait ses troupes dans l'immensité du désert. Il levait des pelotons de méharistes... Il bâtissait des postes dans les profondeurs des sables... Ces hommes voulaient fonder la paix française dans ces terres lointaines, toujours soulevées de spasmes violents, de convulsions mystérieuses, balayées de passions obscures" 

Ernest Psichari

L'Appel des armes


« ...En ce qui concerne l'estime que m'ont toujours manifestée tous mes anciens Chefs, dans la Marine du Commerce, dans la Marine de Guerre ..., dans l'Administration coloniale (Général GOURAUD, Général PATEY, Général DUBOC, Général MOURET) » fragment de courrier A.H.

La pénétration française dans l'intérieur du pays commença pacifiquement, en 1902, par l'administrateur Xavier Coppolani, mais, en réponse aux razzias que les Maures lançaient périodiquement sur le nord du Sénégal, elle prit rapidement, sous la conduite des généraux Gouraud (dans l'Adrar, en 1908-1909) et Mangin, la forme d'expéditions militaires brutales. https://www.mille-pages.org/f_mauritanie_histoire.html#colonisation

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Les français s'empressent de mettre sur pied trois sections méharistes : l'une à Boutilimit rattachée aux compagnies du Trarza, les deux autres (qui ne verront la fin qu'en 1908 à la veille de l'occupation de l'Adrar) à Tidjikja et à Moudjéria rattachées aux compagnies du Tagant. Cette initiative des sections méharistes coïncide avec le formidable siège de Tidjikja (le 2ème en 18 mois) entrepris par les gens de l'Adrar, les Oulad Bousba, les Idawich et Mechdouf principalement

https://www.ani.mr/old/mapeci/296/dossier.htm


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Médaille Coloniale agrafe « Mauritanie » reçue en 1908 

  




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Armand Hayet en Mauritanie

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Jean Decoux : Adieu Marine P 213 : [au sujet du Général Gouraud] 

« Il est à son tour devenu quelque peu « roi nègre » et se laisse encenser avec béatitude »

Manuscrit Armand Hayet :

"Pas en Mauritanie, en tout cas !"

QUE DIT ARMAND HAYET SUR LA MAURITANIE

"....je pris du service à terre pour me guérir, dans le pays le plus sec du monde, mais aussi le plus désertique, le plus brûlé par le soleil : la Mauritanie.

J'y fus bien souvent, quand je battais la dune et le reg, émerveillé par la science des guides, par les précisions qu'ils donnaient sur mille faits nous intéressant, touchant les hommes, les animaux, les événements passés ou à venir, alors que je ne voyais, moi débutant, aucun repère, aucun amer matériel ou incorporel, mais seulement l'uniformité désolante du bled, sa décourageante immobilité, son impressionnant silence.

Lorsque je ne fus plus un novice, tout me parut naturel et je compris aisément par exemple, qu'un Maure pût me dire, en relevant des traces sur le sable :

« Ces gens sont passés ici la nuit dernière, avant minuit. »

En effet, il voyait les foulées encore fraîches coupées par les sillons que laissent certains vers qui ne quittent leur trou que la nuit, après le lever de la lune. La lune s'étant levée à minuit, les hommes dont nous reconnaissions les empreintes étaient bien passés avant cette heure-là. Si au contraire leurs empreintes avaient écrasé celles des vers noctambules, mon guide m'eût affirmé avec raison, qu'elles avaient été faites à cet endroit, après minuit..."

Dictons et Tirades des Anciens de la Voile p 40 (éd.1971)

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et encore...

"...chez les peuplades les moins civilisées de l'Afrique, dont les batteurs de tam-tam valent les métronomes les plus précis, malgré les mille fioritures qui compliquent leur jeu et que seule une oreille européenne très exercée peut apprécier..."  

Conférence à Radio-Paris - Chansons des Iles - 1937


Armand évoquera toujours cette période aventureuse en Mauritanie avec une grande nostalgie, imitant à la perfection, les soirs de cafard, les mélopées du pays. Il aura longtemps l'intention de rédiger les "histoires du Bled et du large", un livre qui aurait décrit les coutumes maures qu'il avait observées là-bas, mais celui-ci ne verra jamais le jour, et cette seconde vocation pour les "Sables" fut interrompue brutalement en 1914.

A Paris, en 1931, la Mauritanie resurgit... Coupure d'article

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